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Maladie de Verneuil (Hidradénite suppurée)
29 novembre 2021

LES ANTICORPS MONOCLONAUX: UN ESPOIR?

      Le 28 juillet 2015, l'Agence Européenne du Médicament faisait savoir qu'elle recommandait l'approbation d'un nouveau médicament, l'adalimubab (un anticorps monoclonal), dans le traitement des formes sévères HS. A l'origine, dès l'année 2003, l'adalimubab était uniquement destiné aux personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde modérée à grave ainsi que de l'arthrite juvénile idiopathique polyarticulaire fortement évolutive chez les enfants et les adolescents. (L'arthrite juvénile idiopathique (AJI) est un groupe de cinq maladies inflammatoires qui ont en commun des douleurs et une inflammation des articulations (arthrite), un début avant l'âge de 16 ans (juvénile), et l'absence de cause identifiée (idiopathique). (Source: public.larhumatologie.fr). 

      L'arthrite et la polyarthrite rhumatoïde étant des inflammations, l'adalimubab s'attaque à celles-ci. Or comme il est dit dans les pages précédentes, HS étant une inflammation, il fut constaté une amélioration très bénéfique des personnes atteintes par l'hidradénite suppurée et à qui on avait administré l'adalimumab au cours d'essais cliniques. D'où la décision en 2015 par l'Agence Européenne du Médicament de donner son autorisation à l'utilisation de cet anticorps monoclonal dans le traitement de HS. Ce médicament prit alors le nom commercial de Humira (Laboratoire Abbott France). 

  Tous les anticorps monoclonaux ont une dénomination qui se termine par "mab" venant de l'abréviation "Monoclonal AntiBodies" - En français: anticorps monoclonal). 

     La substance active dans Humira, l'adalimubab, est donc un anticorps monoclonal. Voici ci-dessous une explication très abordable par un esprit non formé à la médecine, proposé par le site vidal.fr , et qui répond à la question: "Qu'est-ce que les anticorps monoclonaux?": 

     "Les anticorps dits "monoclonaux" sont des anticorps fabriqués par des cellules en culture pour traiter des maladies spécifiques. Plus de 30 anticorps moloclonaux sont commercialisés en France aujourd'hui dans le traitement de maladies inflammatoires chroniques (telles que la maladie de Crohn, la polyarthrite rhumatoïde, la psoriasis, etc.), de cancers et du rejet de greffe. Ils ont révolutionné la prise en charge de nombreuses maladies. 

     Les anticorps sont des protéines de défense que notre système immunitaire produit lorsqu'il est exposé à un micro-organisme infectieux (ou un vaccin). Les anticorps reconnaissent précédemment un virus ou une bactérie, s'y attachent et le signalent ainsi au reste du système immunitaire qui va se charger de l'éliminer. Ils peuvent également empêcher le micro-organisme de se reproduire, voire entraîner directement sa destruction. 

      Les anticorps dits "monoclonaux" sont fabriqués spécifiquement pour traiter une maladie. Ils sont produits par des cellules (il peut s'agir d'une bactérie, d'une levure ou d'une cellules de mammifère) qui ont été sélectionnées et cultivées pour leur capacité à produire un anticorps particulier. Celui-ci a d'abord été obtenu en exposant des cellules immunitaires rigoureusement identiques (un clone cellulaire) à une protéine dite "protéine cible" contre laquelle ce clone a fabriqué un anticorps, comme dans une réaction immunitaire. 

     Plus de 30 anticorps monoclonaux sont des commercialisés en France aujourd'hui dans le traitement de maladies inflammatoires chroniques. 

     Les maladies inflammatoires dites "chroniques" sont essentiellement des maladies auto-immunes (ou dans lesquelles l'auto-immunité joue un rôle). Dans ces maladies, le système immunitaire réagit de manière anormale en s'attaquant à des cellules du corps auxquelles il ne devrait pas être sensible. 

       Il peut attaquer: 

   - les cellules des articulations, des ligaments ou des tendons comme dans la polyarthrite rhumatoïde ou la spondyloarthrite. 

     - les cellules de la peau comme dans le psoriasis ou le lupus.

     - les fibres nerveuses comme dans la sclérose en plaques. 

     - les cellules de l'intestin comme dans la maladie de Crohn. 

     Les anticorps monoclonaux développés pour traiter ces maladies ont pour cible des protéines qui sont dans cette réaction immunitaire anormale. En neutralisant ces protéines, il est possible de réduire voire de bloquer l'aspect auto-immune de la maladie. Par exemple, plusieurs biothérapies à base d'anticorps monoclonal visent à neutraliser l'action df'un médiateur de l'immunité appelé Tumor Necrosis Factor Alpha (TNF alpha). Ces anticorps peuvent soit neutraliser le TNF alpha, soit se fixer sur la protéine de la membrane cellulaire sur laquelle doit se fixer le TNF alpha pour agir (le récepteur membranaire)". 

      Parce que se sont des protéines, qui prises par voie orale, sont détruites par les sucs digestifs, les anticorps monoclonaux doivent être injectés sous la peau ou en perfusion intraveineuse selon les traitements. Ce sont des médicaments qui, du fait de leur technicité et de leur coût élevé (900 euros environ la boite Humira contenant deux seringues pré-remplies) sont souvent administrés en hospitalisation de jour, en particulier pour les formes intraveineuses. 

     Les anticorps monoclonaux qui interfèrent avec le système immunitaire (dans le traitement des maladies inflammatoires) peuvent augmenter la vulnérabilité à certaines maladies et justifient une surveillance rapprochée. De plus, avant leur prescription, le médecin doit s'assurer de l'absence de maladies infectieuses (prise de sang, radiographie du thorax, dépistage de la tuberculose et des hépatites virales B  et C, analyse de l'urine, etc.) ou de risque particulier de cancers de la peau (avec un contrôle par un dermatologue). 

     Humira est à présent remboursé par la Sécurité Sociale pour HS, ce qui n'était pas le cas très récemment. 

     Il existe également l'infliximab (Remicade) qui agit de la même façon que le précédent, pour la maladie de Crohn, le psoriasis et l'arthrite. Ce médicament est administré par voie intraveineuse. 

 

Expérience personnelle

 

     Je suis l'auteur de ce blog et atteint par l'hydradénite suppurée depuis de très nombreuses années. A l'instant où ces lignes sont rédigées (octobre 2021) il y en cours la phase 3 d'un essai clinique auquel je participe depuis le 2 février 2021 au service dermatologique de l'hôpital Larrey au CHU de Toulouse. Cette participation fut proposée suite à l'apparition d'un énorme abcès très suppuratif au niveau du scrotum. L'opération chirurgicale étant alors impossible à ce niveau pour cause d'enlèvement trop important de matière (le testicule droite aurait été à nu), l'essai clinique fut la seule solution pour tenter de diminuer l'inflammation voire de la faire disparaître. 

     Pourquoi ne m'a t-on pas proposé alors Humira? Rappelons qu'au début Humira était fait pour soigner l'arthrite et non pas HS. Ensuite parce que de nombreux laboratoires de par le monde cherchent des nouveaux traitements contre HS mais aussi et je l'appris plus tard, Humira a de nombreux effets secondaires très pénibles pour les patients

     Cet essai concerne donc un nouvel anticorps monoclonal appelé bimékizumab et élaboré par le laboratoire UCB Biopharma à Bruxelles. Il s'agit d'une étude multicentrique (réalisée dans des endroits différents dans le monde et en France), par plus d'un investigateur et selon un protocole unique ainsi que des modalités identiques, randomisée (étude expérimentale dans laquelle un traitement est comparé à un autre traitement, à une absence de traitement ou à un placebo, en double aveugle (c'est à dire que ni le patient ni l'équipe médicale ne sait s'ils sont en présence du médicament ou d'un placebo, du moins au début de l'expérimentation) et le tout contrôlé par le dit placebo. 

     Bien entendu avant le début de cet essai je pris connaissance à mon domicile d'une longue explication écrite remise par l'hôpital avant d'accepter en toute connaissance de cause. Voici ci-dessous un extrait de la description de cet essai clinique: 

      Le bimékizumab est un nouveau médicament qui est susceptible d'être finalement utilisé dans le traitement de l'hidradénite suppurée. Il est expérimental, ce qui signifie qu'il est encore à l'étude et n'a pas encore été approuvé par les autorités de santé pour être administré dans le cadre d'un traitement. Le bimékizumab appartient à un groupe de médicaments appelés inhibiteurs d'interleukines (IL), qui bloque une substance naturelle appelée interleukine-17 (IL-17). Ils agissent sur le système sur le système immunitaire pour aider à diminuer l'inflammation et d'autres symptômes. Des études expérimentales ont montré que la diminution de l'IL-17 est susceptible de contribuer à réduire les symptômes et signes de l'hidradénite suppurée. 

     Cet essai dure 48 semaines au minimum (à raison de deux visites par mois à l'hôpital) dont 16 semaines pendant lesquelles le médicament ou le placebo est injecté en deux fois dans l'abdomen et ensuite durant 32 semaines pendant lesquelles les patients sont sûrs de recevoir le bimékizumab. Tout ceci entrecoupé par des prises de sang régulières, des analyses d'urine, des réponses à des questions sur tablette et des examens des nodules et abcès par les médecins dermatologues

     Neuf mois plus tard (novembre 2021) l'essai se poursuit normalement et je constate une nette amélioration au niveau des nodules et surtout au niveau de l'abcès au scrotum: diminution importante de sa grosseur et arrêt des écoulements de pus. Cela est donc pour l'instant positif!. Seul bémol: comme tout médicament le bimékizumab présente des effets secondaires et indésirables et notamment dans mon cas l'apparition de mycoses buccales (candidose) soignées par un traitement approprié. 

     Si cet essai clinique est définitivement concluant au niveau mondial et cela semble être le cas, il sera disponible sous un nom commercial

     Vous aurez régulièrement des nouvelles sur la poursuite de cet essai ici-même.

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